PAROLE À ... Samir Mekki

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Bénévole depuis 5 ans à l’antenne du Secours populaire de Cabestany

Le 20 avril 2020.


En quoi le fonctionnement de l’association a-t-il changé depuis le confinement ?

"Avant la crise, le public pouvait venir quand il le voulait. C’est sur rendez-vous maintenant que nous accueillons les bénéficiaires. Ce qui a changé aussi, c’est la fréquence de distribution des colis alimentaires. Ils étaient prévus pour 1 mois et depuis le confinement, ils le sont pour 15 jours. Les colis sont gratuits car nous sommes en état d’urgence. La fédération nationale a décidé d’ouvrir une tirelire après le confinement et les personnes mettront ce qu’elles voudront.
Enfin, nous ne pouvons plus proposer de vêtements depuis le virus.


Dans quelles conditions se déroule la remise des colis alimentaires ?

"On reçoit les bénéficiaires sur des créneaux de 15 à 20 minutes pour éviter qu’ils se croisent. Depuis le début du confinement, nous travaillons avec des masques et des gants. James (James Gillon, secrétaire général de l’antenne de Cabestany) nous les a ramenés de la fédération de Perpignan."


Avez-vous observé une hausse ou à l’inverse une baisse des demandes depuis la crise sanitaire ?

"Nous travaillons avec un registre de bénéficiaires. On les appelle systématiquement pour les avertir de l’arrivée des colis. Ce que nous remarquons, et que nous n’arrivons pas à l’expliquer pour le moment, c’est qu’il y a 80% des bénéficiaires habituels qui se sont manifestés depuis le confinement. Nous ne voyons donc plus certaines personnes que nous avons l habitude de voir. Nous aurons les réponses à nos questions après la crise…
Et pour aider les personnes qui ne peuvent pas se déplacer, nous avons mis en place le portage de colis.
Depuis le confinement, nous aidons aussi 20 nouveaux bénéficiaires, des habitants qui ont été re-dirigés par le CCAS et conseillés par le voisinage. C’est le bouche à oreille qui fonctionne le plus. Il y a plusieurs profils : des familles, des personnes isolées…
Jeudi dernier, nous avons remis 18 colis mais il y a encore beaucoup de personnes qui n’osent pas venir. Ce n’est jamais facile de demander à manger."

Pourquoi votre engagement au Secours populaire ?

"Malheureusement, j’ai 40 ans et je n’ai pas de travail. Ce n’est pas facile d’en trouver, surtout dans notre région. Alors je me suis rattaché à aider les autres par une action solidaire. Je m’implique, cela prend du temps, et je considère ce que je fais comme un travail.
C’est difficile pour une personne de demander de l’aide. Faire la première démarche, c’est très dur... Les bénéficiaires ont honte alors on les rassure.
Un « merci » pour moi, ça vaut des millions. Lorsqu’un bénéficiaire me dit merci, je lui réponds que c’est moi qui le remercie car s’il n’était pas venu, je ne serai pas là. Sans bénéficiaire, il n’y a pas de bénévole. Ma plus grande satisfaction, c’est d’aider. De voir la détresse humaine, c’est ce qui est le plus dur."


Qu’est-ce qui, selon vous, pourrait changer après cette crise sanitaire ?

"Le COVID doit nous faire réfléchir. On vivait dans un monde tournait vers le superficiel, on doit revenir aux choses essentielles. Si chacun fait sa part, le monde ira mieux."



Si vous rencontrez des difficultés ou connaissez des personnes qui ont besoin d’aide, n’hésitez pas. Rapprochez-vous du Secours populaire de Cabestany en appelant le 04 68 67 85 59. Une personne vous répondra directement