Parole à Bernard Lézin

Le 19 mai 2020.

Dans le cadre de la Saison théâtrale, le spectacle « Le bureau des poids et des mesures » devait être présenté le 4 avril au Centre culturel Jean Ferrat

Comment avez-vous vécu l’annonce du confinement et donc l’arrêt des représentations ?
"Nous l’avons bien vécu sur le plan sanitaire mais beaucoup moins sur le plan artistique et culturel. Les représentations ont donc été annulées de la mi-mars jusqu’au mois de juillet. Cela représente une quinzaine de dates, des ateliers prévus avec des scolaires, à l’Université et au théâtre de la Rencontre. Nous n’avons pas pu également faire Avignon, et donc, de nouvelles rencontres.
Nous vivons tout cela avec difficultés à double titre. D’une part, économiquement car il n’y a plus de rentrée d’argent. Et d’autre part, au niveau artistique. Nos intermittents n’ont pas droit au chômage. Nous attendons les décisions du Gouvernement et que le Ministre de la culture s’exprime. Nous avons 15 intermittents qui risquent d’être à la rue !".

Comment préparez-vous la reprise ?
"Certaines dates ont pu être rattrapées pour la prochaine saison. C’est le cas à Cabestany et nous remercions la commune pour cela. Cabestany est une des rares villes à prendre autant soin de la culture et ce, depuis longtemps. C’est super de travailler comme cela, et avec beaucoup de franchise. Ce qui est dit est dit. On ne peut qu’avancer comme ça ! Le soutien de l’élue et de la directrice de la culture sont d’une grande aide pour nous, et surtout en cette période.
Nous attendons maintenant la parole du Gouvernement et les mots de notre Ministre de la culture concernant la reprise avec les règles de sécurité et de distanciation. Attention, pas de distanciation sociale… mais physique !
Nous allons reprendre les répétitions avec les acteurs dès que nous en aurons la possibilité. Il faudra tout relancer ! Les envies sont bien là mais c’est la perspective qui n’est pour l’instant pas bien ouverte… J’espère que la reprise se fera en septembre avec des ateliers dans les écoles dès que le Ministre de l’enseignement l’autorisera. Nous avons également une création « Morphine » qui doit être présentée au Théâtre de l’Archipel au mois d’octobre.
Nous avons eu un moment d’abattement mais, aujourd’hui, nous sommes prêts !".

Selon vous, quel rôle jouera la culture dans l’après confinement ?
"J’ai un espoir et en même temps une crainte. J’ai peur que la culture soit reléguée au 3e ou 4e rang de leurs préoccupations. D’autant que financièrement, il faudra faire des choix dans les dépenses. La culture va-t-elle être sacrifiée ? Et en même temps, de l’espoir. La culture est une des rares à permettre le lien social. Il n’y a que la culture et le sport qui peuvent rassembler les gens. Ce sont des éléments fédérateurs dans notre société. Il n’y a qu’à voir ici dans les Pyrénées-Orientales, la culture permet de réunir toutes les communautés. J’ai l’espoir que la culture rassemble à nouveau. Et, d’autant plus, avec le malheur qui s’est passé. Que l’épidémie puisse servir à quelque chose et que la culture puisse nous rapprocher."

Quel message souhaitez-vous passer au public de Cabestany et qui n’a pas pu voir votre représentation ?
"Pas de découragement, on sera présent à Cabestany pour la prochaine saison. On vous attend avec impatience !"